14 chiffres, un avenir : vers un SIRET enrichi de data environnementale ?

8 juillet 2025

Le SIRET comme point de départ : un numéro déjà essentiel

Dans l’écosystème entrepreneurial, il est difficile d’échapper au SIRET. Ce numéro se compose de deux segments : d’abord le SIREN (9 chiffres), qui désigne l’entreprise elle-même, puis le NIC (5 chiffres), qui correspond à l’établissement spécifique. Concrètement, si vous êtes boulanger et que vous ouvrez une seconde boutique, vous recevrez un nouveau NIC tout en conservant le même SIREN. Au fil des années, cet identifiant est devenu un véritable sésame pour effectuer de multiples formalités : déclarations de TVA, embauche de salariés, inscription à divers registres professionnels, etc. En tant que consultant, j’ai souvent remarqué que les entrepreneurs débutants confondent SIRET, SIREN et Code APE. Toutes ces notions peuvent prêter à confusion, d’autant plus que les organismes officiels n’ont pas toujours un sens pédagogique aiguisé pour l’expliquer clairement.

Heureusement, une fois que l’on a pris le coup, on comprend l’importance du SIRET et la manière de le récupérer. Il suffit de réaliser les formalités d’immatriculation auprès du Centre de Formalités des Entreprises (CFE) compétent. Une fois le dossier validé, l’INSEE attribue le SIREN et le NIC, l’ensemble formant le précieux SIRET. Aujourd’hui, ce numéro reste encore assez monolithique : il contient des informations d’ordre géographique et sectoriel, mais on ne va pas plus loin. Malgré des évolutions dans la gestion des entreprises et des initiatives pour moderniser l’administration, l’idée d’incorporer des données plus spécifiques et plus « vertes » demeure à explorer. D’où la réflexion que je vous soumets : et si ce numéro, en apparence neutre, devenait un levier pour mesurer et partager l’impact environnemental de chaque acteur économique ?

La montée en puissance du critère environnemental dans la vie des entreprises

Depuis plusieurs années, l’impératif écologique gagne du terrain dans les entreprises de toute taille. Au début, on parlait beaucoup de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), qui impliquait notamment un soin apporté à l’impact social et environnemental. Puis, des labels « bio », « made in France », « commerce équitable » ont fleuri pour mieux encadrer et promouvoir des approches plus vertueuses. Aujourd’hui, non seulement de grands groupes communiquent sur leur bilan carbone, mais aussi de petites structures cherchent à valoriser leurs efforts de tri, de recyclage, d’économie d’énergie ou encore de circuits courts. Les consommateurs sont, de leur côté, de plus en plus sensibles à ces initiatives, et le choix d’un prestataire peut se faire sur ces critères écologiques.

Dans ce contexte, la transparence et la traçabilité deviennent cruciales. Comment prouver qu’une entreprise tient ses engagements environnementaux ? Comment comparer objectivement les efforts de deux concurrents qui prétendent tous deux respecter la planète ? On recourt aujourd’hui à des audits, des certifications, des labels. Mais l’information est souvent disséminée, éparpillée sur différents documents, parfois non reconnus à l’international ou trop spécifiques pour être compris par le grand public. Cette dispersion rend le suivi compliqué, tant pour les consommateurs que pour les partenaires B2B ou les institutions. L’introduction d’un canal unique, associé à l’identité administrative incontournable d’une entreprise, ouvrirait un champ des possibles immense : c’est là que le SIRET enrichi de data environnementale pourrait entrer en scène.

Exemple concret de la valorisation écologique

Si aujourd’hui vous voulez vérifier la solidité environnementale d’un prestataire, vous allez peut-être demander un bilan carbone ou une attestation émanant d’un label reconnu. Vous risquez d’attendre des documents disparates. Imaginez que, dans le futur, il vous suffise de consulter en ligne les informations liées au SIRET de la société pour obtenir directement son niveau d’émission de CO₂ sur l’année écoulée, la part de ses énergies renouvelables, ou même une note globale basée sur plusieurs indicateurs clés. Ce serait un moyen rapide de comparer et de choisir un fournisseur, un partenaire ou un sous-traitant, tout en envoyant un message fort : la performance économique ne doit plus s’isoler de la performance environnementale.

Bien sûr, j’exagère un peu la facilité de mise en place, car en pratique, il faudrait régler tous les détails sur la collecte et la fiabilité de ces données. Mais l’enjeu est clair : inclure officiellement l’écologie dans la carte d’identité de l’entreprise aurait un effet sociétal majeur. Cette intégration accroîtrait la pression pour adopter de meilleures pratiques et engager un cercle vertueux où, formellement, l’impact de chaque acteur serait consultable à loisir. On pourrait même imaginer des aides publiques ou des subventions conditionnées à la mise à jour effective de ces données environnementales. Autant dire que la simple mention « SIRET » serait rehaussée d’un sens tout à fait nouveau.

Les défis techniques et administratifs d’un tel enrichissement

Avant de foncer tête baissée, interrogeons-nous sur les obstacles concrets à une telle évolution. Pour commencer, renseigner des données environnementales fiables n’est pas trivial. Les entreprises varient énormément : taille, secteur d’activité, processus de production, localisation géographique... De plus, certaines structures sont plus contraintes que d’autres, notamment celles opérant dans des industries lourdes ou reconnues comme polluantes. Les référentiels à utiliser pourraient inclure la consommation d’énergie, le volume de déchets, l’origine des matières premières ou la responsabilité sociale vis-à-vis de la biodiversité. Cela fait déjà beaucoup de critères à surveiller, et il faudrait définir un cadrage national, voire européen, pour standardiser l’information et éviter les trucages.

Ensuite, comment héberger et traiter ces données ? L’INSEE gère déjà les informations liées au SIRET, mais la masse de data environnementale pourrait être démesurée. Quid de la mise à jour ? Selon quel rythme ? Une mise à jour annuelle suffirait-elle ? Et si l’entreprise vient de démarrer, comment la comparer avec une concurrence installée de longue date ? Vous l’aurez compris, les questions abondent et dépassent le simple rajout de quelques lignes de code dans une base de données.

Gestion des données : fiabilité et transparence

Il n’y a rien de pire, pour un entrepreneur responsable, que de se sentir bloqué par un système administratif trop complexe. Imaginer un SIRET enrichi implique nécessairement des mécanismes simples d’enregistrement. L’idéal serait d’offrir un portail unique où l’on dépose ses données environnementales, accompagnées de pièces justificatives (factures d’énergie, rapports de contrôle, etc.). Ce portail devrait être complet, mais surtout ergonomique, afin de ne pas décourager les TPE/PME qui ont souvent moins de ressources à y consacrer. Et au-delà de la collecte, il y aurait un besoin d’agrégation, de contrôle et de validation, pour éviter la fraude ou l’omission volontaire d’informations sensibles. C’est un véritable chantier, certes, mais c’est aussi une piste passionnante pour rendre la transition écologique plus concrète et plus tangible.

Enfin, le défi administratif sera d’articuler différents organismes autour d’un même référentiel. On peut envisager la contribution de l’ADEME, des autorités locales, de l’État et même de la Commission européenne. Cette coordination exigerait des moyens, de la volonté et une stratégie politique cohérente. Bref, du côté des entrepreneurs, il sera important d’être bien informés et accompagnés, pour que cette évolution ne se traduise pas par une énième montagne de paperasse, mais bien au contraire, par un gain de clarté.

Potentiel impact sur la compétitivité et la valorisation des entreprises

L’ajout de data environnementale au SIRET n’est pas qu’un simple « plus » pour faire joli. Il pourrait avoir d’importantes répercussions sur la compétitivité des entreprises, tant en France qu’à l’international. Du point de vue des consommateurs, une entreprise dont l’empreinte écologique est moindre aurait un avantage concurrentiel plus net : on observerait une forme de certification publique et permanente, consultable par tous. Pour des PME qui peinent encore à se démarquer, pouvoir afficher une transparence écolo validée par un registre officiel constituerait un atout marketing imparable.

Du côté des financements, les banques et investisseurs sont de plus en plus sensibles aux critères de durabilité. Il n’est pas rare que des taux d’emprunt préférentiels soient accordés aux entreprises vertueuses, que ce soit au niveau social ou environnemental. Dans un futur où les indicateurs « verts » feraient partie intégrante du SIRET, cette dynamique pourrait s’accélérer. Il deviendrait plus facile de repérer et de soutenir financièrement les acteurs éco-responsables, grâce à des données publiques et comparables d’une société à l’autre. On peut imaginer que, dans dix ans, refuser de jouer la carte de la transparence écologique serait pénalisant au moment de solliciter un prêt, de répondre à un appel d’offres public ou de signer un partenariat stratégique.

Cas pratique : une PME dans l’agroalimentaire

Pour mieux illustrer, prenons le cas d’une PME basée en région Auvergne-Rhône-Alpes, spécialisée dans la production de fromages fermiers. Son SIRET est un identifiant classique, qu’elle communique à ses clients et fournisseurs. Demain, si les informations environnementales y sont associées, cette PME pourrait renseigner ses volumes d’eau consommés, la provenance de ses matières premières (lait local, paille, emballages recyclables) et le pourcentage de ses déchets valorisés. Si elle a réduit sa consommation d’énergie de 15 % grâce à des panneaux solaires installés sur le toit de l’exploitation, cette donnée(*) Note : pas de balise autorisée pour italique, je l’ôte serait intégrée directement dans la base, et un label de performance pourrait être attribué (par exemple une note sur 10, ou un code couleur distinctif).

Son client final, qu’il s’agisse d’une grande surface ou d’un consommateur local, aurait alors la possibilité de vérifier les informations par simple consultation via un portail officiel associé au SIRET. L’impact sur la commercialisation serait réel, et la PME aurait tout intérêt à poursuivre ses efforts pour améliorer ses indicateurs, car ils seraient visibles de tous. Dans cette optique, l’adoption d’initiatives vertes cesserait d’être un simple argument marketing : elle deviendrait un fait vérifiable, rattaché à l’identité légale de la société.

Les bénéfices pour la société civile et les pouvoirs publics

La question est de savoir si un tel déploiement serait gérable à grande échelle et quels seraient les bénéfices pour la collectivité. Les administrations publiques, en particulier, y trouveraient un formidable observatoire de la transition écologique. Au lieu de multiplier les enquêtes sur des échantillons d’entreprises, elles auraient un point d’entrée unique pour mesurer le chemin parcouru ou les freins existants. Cette centralisation de l’information peut contribuer à ajuster les politiques publiques, à orienter les aides et subventions vers les secteurs les plus innovants en matière de réduction d’empreinte carbone, ou encore à identifier des tendances régionales précises.

Pour la société civile, plus d’informations signifie plus de liberté de choix. Chacun pourrait décider d’acheter auprès de structures vraiment respectueuses de l’environnement, ou de boycotter celles qui ne jouent pas le jeu. Dans un contexte où la conscience écologique s’accroît, ce type d’outils pourrait renforcer la pression sur les acteurs économiques et accélérer les changements. Évidemment, cela soulève la question de la protection des données. Est-ce que toutes les informations doivent être publiques ? Faut-il une version restreinte et une version détaillée accessible sur demande ? Le débat reste ouvert et nécessiterait probablement des ajustements pour respecter la vie privée des dirigeants et des salariés.

Écueils et limites à anticiper : la méfiance, la complexité et la charge financière

Face à un tel bouleversement de la notion de SIRET, il convient de reconnaître que l’adhésion ne serait pas automatique. Certains entrepreneurs, surtout les plus petites structures, pourraient redouter le temps et l’argent à investir pour collecter et renseigner ces informations. D’autres ne voudraient pas s’exposer à de potentiels reproches s’ils ne parviennent pas à atteindre les standards écologiques recommandés. Il existe aussi un risque de voir les entreprises contourner les obligations en embellissant artificiellement leurs données. Sans un contrôle strict, on retomberait dans les travers du greenwashing.

Par ailleurs, la complexité du dispositif risque de décourager les bonnes volontés. Connaissant l’administration française, la mise en place d’un tel système demanderait une dose massive de coordination et de simplification. Les entreprises ont déjà l’obligation de remplir des tas de formalités administratives et fiscales, et même si le numérique a fluidifié beaucoup de processus, nous savons que la bureaucratie demeure un frein récurrent dans le monde des affaires. Un système mal conçu ou trop coûteux finirait par avoir l’effet inverse de celui recherché : au lieu d’encourager les entreprises à s’engager dans une transition écologique, il pourrait cristalliser des rancœurs et des critiques.

Le rôle clé de la sensibilisation et de l’accompagnement

L’expérience de ces dernières années montre que les entreprises n’avancent pas toutes au même rythme en matière de conscience écologique. Certaines sont déjà très engagées, tandis que d’autres peinent à faire leurs premiers pas. Il sera indispensable de mettre en place des formations, des webinaires, des guides pratiques et des consultants spécialisés pour guider les entrepreneurs dans la collecte fiable de données environnementales. Tout comme un créateur d’entreprise apprend aujourd’hui à gérer sa comptabilité, à comprendre le fonctionnement de la TVA ou à remplir un formulaire URSSAF, il devra se former à ces nouveaux enjeux écologiques intégrés au SIRET.

On peut envisager des solutions incitatives, telles que des subventions pour l’accompagnement ou l’achat d’équipements de mesure, ou des réductions de charges pour les entreprises qui atteignent un certain niveau de performance. En parallèle, une vraie communication institutionnelle sur les avantages de cette évolution devrait voir le jour, pour rassurer et motiver les entrepreneurs. Si tout cela est mené de manière progressive, les mentalités s’adapteront sans doute plus vite qu’on ne l’imagine. Rappelez-vous à quelle vitesse le monde a intégré les paiements dématérialisés, la facturation électronique ou le télétravail.

Scénarios d’évolution et perspectives futures

En se projetant à cinq ou dix ans, on peut imaginer plusieurs scénarios. Dans le cas le plus ambitieux, la France (et par extension l’Europe) instaurerait un SIRET 2.0 tenant compte de nombreux paramètres environnementaux, avec un dispositif de collecte obligatoire et une publication transparente pour chaque entreprise. Des plateformes de comparaison émergeraient, un peu comme ce qui existe déjà pour les fournisseurs d’énergie, mais avec la dimension SIRET comme pivot. Les grandes entreprises mettraient en place des équipes dédiées pour optimiser en continu chaque indicateur, tandis que les TPE/PME bénéficieraient de soutiens financiers et techniques pour suivre la cadence. Dans ce cas de figure, la transition écologique gagnerait du terrain de manière accélérée.

Dans un autre scénario, plus mesuré, on envisagerait une démarche volontaire : les entreprises souhaitant valoriser leur empreinte environnementale pourraient « activer » un module supplémentaire, rattaché à leur SIRET. On y verrait progressivement un effet boule de neige : pour rester compétitives, elles flaireraient l’intérêt de s’y intégrer. Ce modèle se rapproche de l’actuel système de labellisation, mais avec l’avantage d’être connecté à la base de données administratives. L’obligation pourrait ensuite intervenir progressivement, au fil des années et sous la pression des marchés ou de la réglementation européenne.

Une opportunité pour innover : nouveaux services et expertises

Qui dit nouveau besoin dit souvent nouveau marché. Dans l’hypothèse où le SIRET s’enrichirait de data environnementale, un certain nombre de solutions innovantes verraient le jour. Des start-up pourraient proposer des outils de mesure automatisée de la consommation énergétique, directement reliés à une API officielle permettant la synchronisation en temps réel avec la base du SIRET. Des logiciels CRM intégreraient d’emblée des widgets de performance environnementale pour chaque client ou prospect, facilitant le suivi et l’évaluation. On pourrait également voir naître des applications de benchmarking dédiées, où un entrepreneur peut se situer par rapport à la moyenne de son secteur, et identifier rapidement des axes d’amélioration.

Pour ma part, je trouve cette perspective stimulante : au lieu de voir le SIRET comme un simple code administratif, on le transformerait en un outil dynamique, capable de se mettre à jour, d’éclairer les décisions, de rassurer les investisseurs et de donner une impulsion à la transformation verte de l’économie. Encore faut-il que les pouvoirs publics, les entrepreneurs et la société civile avancent main dans la main sur le sujet. Rien n’est plus dommageable qu’une bonne idée mal mise en œuvre, vous le savez aussi bien que moi.

Retours d’expérience et exemples internationaux

Certains pays n’utilisent pas un SIRET mais un autre identifiant national pour leurs entreprises. On voit toutefois, çà et là, des initiatives visant à recenser les bonnes pratiques environnementales de façon centralisée. Par exemple, la Chine explore depuis quelque temps un système de « crédit social » où les entreprises peuvent gagner ou perdre des points selon leur comportement, notamment écologique. Même si le modèle chinois soulève des questions éthiques, l’idée d’un registre central de la performance environnementale va dans le sens d’une responsabilisation accrue. De leur côté, des pays nordiques comme la Suède ou le Danemark expérimentent des bases de données publiques accessibles à tous pour vérifier les scores carbone des industriels majeurs. Bien sûr, chaque contexte national est différent, mais ces exemples montrent que le chemin n’est pas totalement inconnu.

En Europe, l’un des enjeux est l’harmonisation, car il existe autant de systèmes d’identifiants que de pays membres. L’UE travaille déjà sur le concept d’identifiant unique européen pour les entreprises et sur des rapports standardisés de durabilité. Rien n’empêche, à terme, de fusionner ces initiatives pour déboucher sur une plateforme globale de données. Le sujet est complexe, mais entre le Pacte vert pour l’Europe et les multiples directives liées au reporting extra-financier, on sent que la dynamique est lancée. Il est fort probable que la France, pionnière dans certains domaines, soit à nouveau en tête pour proposer un prototype d’enrichissement du SIRET.

Comment l’entrepreneur d’aujourd’hui peut anticiper cette évolution

J’en conviens, tout ce dont je parle ici relève encore de la prospective, et aucune date précise n’est fixée pour l’apparition officielle d’un tel système. Néanmoins, si vous êtes dirigeant ou porteur de projet, vous pouvez déjà commencer à vous préparer. La première étape consiste à évaluer votre propre impact environnemental. Quels sont vos principaux postes de consommation d’énergie ? Quel est le niveau d’émissions de gaz à effet de serre de votre activité ? Réaliser un mini audit interne vous permettra, d’une part, de prendre conscience de vos marges de progression, et d’autre part, d’être fin prêt lorsque l’obligation de transparence deviendra plus concrète.

Ensuite, vous pouvez vous renseigner sur les normes existantes et, si possible, demander l’avis d’experts ou de consultants spécialisés. Le fait de miser tôt sur l’amélioration de votre bilan carbone ou sur l’optimisation de vos ressources vous donnera un avantage à moyen terme. Même si le SIRET enrichi n’arrive que dans quelques années, vous aurez déjà accumulé de l’expérience et des bonnes pratiques pour limiter vos coûts, gagner en compétitivité et rassurer vos clients. À mon sens, le futur ne pourra que sourire à ceux qui investissent dans cette approche durable dès aujourd’hui.

Les outils numériques au service de l’enrichissement environnemental

Puisqu’on évoque une potentielle mise à jour du SIRET pour inclure des éléments écologiques, je ne peux m’empêcher de penser aux évolutions technologiques qui pourraient faciliter la tâche. Nous vivons à l’heure du big data, du cloud et de l’intelligence artificielle. Il est techniquement envisageable de concevoir un système où l’entrepreneur, muni de quelques capteurs et d’un logiciel adapté, verrait automatiquement ses résultats agrégés et envoyés à l’administration. Par exemple, un compteur d’électricité connecté pourrait relever votre consommation exacte, la confronter à la puissance installée et à la source d’énergie, puis calculer un indicateur d’efficacité énergétique. Ce genre d’automatisation ferait gagner un temps fou, tout en limitant les risques d’erreur humaine.

La blockchain est une autre technologie parfois évoquée pour certifier l’authenticité des données, les rendant infalsifiables et traçables. Même si cette solution n’est pas exempte de débats, son potentiel est intéressant pour sécuriser et stocker des enregistrements officiels. Dans un futur proche, on peut imaginer un SIRET couplé à des « smart contracts » qui s’activent lorsque l’entreprise atteint certains seuils de performance écologique, déclenchant automatiquement des crédits d’impôts ou des bonus financiers. Les limites sont plus d’ordre politique, juridique ou organisationnel que purement technologiques.

Un catalyseur pour la conscience environnementale collective

Voir le SIRET non pas seulement comme un numéro signalant l’existence administrative d’une entreprise, mais comme un miroir reflétant son impact écologique, pourrait changer la donne dans notre relation à l’entrepreneuriat et au progrès. Pendant longtemps, les questions environnementales ont été cantonnées dans la sphère militante ou dans les stratégies de communication des grands groupes. En les transposant dans un dispositif légal et universel comme le SIRET, on fait passer un message fort : la durabilité n’est plus un sujet annexe, elle devient partie intégrante de la définition même des entreprises.

Cette nouvelle perspective aurait aussi un impact sur la conscience collective. Le grand public, habitué à utiliser le SIRET pour vérifier la légalité d’un artisan ou d’un commerçant, développerait certainement de nouveaux réflexes. Au lieu de se contenter de comparer les prix, on pourrait vérifier la performance environnementale. Une entreprise obtiendrait-il plus de clients en étant vertueuse ? Probablement. Et si ce mécanisme se répand, il favorisera l’émergence de nouveaux modèles d’affaires, plus soucieux des écosystèmes naturels. Après tout, l’histoire a montré que les évolutions administratives peuvent être de puissants leviers de transformation sociale.

L’implication des clients et partenaires dans la démarche

Les clients, qu’ils soient des particuliers ou d’autres entreprises, auront certainement un rôle décisif pour encourager ou exiger la mise en place de ce système. Nous voyons déjà que, dans certains appels d’offres, la dimension RSE est cruciale pour emporter la décision finale. Si demain, l’existence de métriques environnementales certifiées associées au SIRET devient la norme, les donneurs d’ordre, par exemple dans la grande distribution ou dans la commande publique, ne manqueront pas de l’exiger. Les entreprises n’auront d’autre choix que de s’y conformer, sous peine de perdre des marchés. Ceci pourrait même donner naissance à de nouveaux partenariats entre structures complémentaires, désireuses de mutualiser leurs ressources pour améliorer leur note environnementale.

D’un autre côté, les consommateurs finaux pressurent déjà les marques pour plus de transparence. Ils veulent connaître l’origine des produits, le mode de production, l’impact sur la biodiversité, la responsabilité sociale vis-à-vis des communautés locales, etc. Si ces informations pouvaient être centralisées et consultées en un clic via un registre national unifié, une nouvelle ère de confiance et de traçabilité s’ouvrirait. Au-delà de l’aspect marketing, c’est tout un pan de relations renforcées entre producteurs et consommateurs qui se profile.

Conseils pratiques pour se préparer à l’éventualité d’un SIRET plus « vert »

Pour clôturer ce tour d’horizon, je vous propose quelques pistes à considérer si vous souhaitez anticiper l’éventualité d’un SIRET enrichi en données environnementales :

  • Auditer sa situation actuelle : réalisez un état des lieux de votre consommation d’énergie, de votre production de déchets et de vos émissions de CO₂, même de manière approximative, pour prendre conscience de votre point de départ.
  • Se documenter sur les référentiels écologiques : familiarisez-vous avec les normes ISO, les labels éco-responsables disponibles dans votre secteur, et les dispositifs d’aide publique déjà existants.

En adoptant ces réflexes dès maintenant, vous vous positionnez favorablement si, un jour, la France et l’Europe choisissent d’officialiser l’intégration de la data environnementale dans l’identifiant de chaque entreprise. Pour mes clients, j’assure déjà un suivi régulier des critères écoresponsables pertinents, car je suis convaincu qu’ils peuvent faire la différence face à la concurrence.

Un horizon porteur d’espoir

En somme, la perspective d’un SIRET agrémenté de données environnementales s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée : celle de la responsabilisation collective et de la nécessité d’accélérer la transition écologiste. Nous sommes à un tournant où les entreprises ne peuvent plus se permettre d’ignorer leur impact sur la planète, et où les consommateurs, les partenaires et les pouvoirs publics exigent plus de transparence. Que ce soit demain ou dans dix ans, la question n’est plus de savoir si un tel dispositif verra le jour, mais plutôt quand et sous quelle forme.

En attendant, le mieux à faire est d’avancer progressivement. Chaque pas, chaque initiative, chaque petite victoire en matière de réduction d’impact environnemental compte. C’est, à mon sens, l’essence même de l’entrepreneuriat : innover, explorer de nouvelles voies et anticiper les évolutions sociétales pour bâtir un avenir plus durable. Si l’idée d’un SIRET « vert » vous stimule, vous n’êtes pas seul : beaucoup d’acteurs, des start-up aux institutions, y réfléchissent déjà. Alors, restez à l’affût, formez-vous, sensibilisez vos équipes et préparez le terrain. Lorsque le moment sera venu, vous serez fin prêts à faire de ces 14 chiffres non seulement le repère administratif de votre entreprise, mais aussi le témoignage concret de votre engagement pour la planète.

Je reste persuadé que cette vision, bien que complexe à mettre en œuvre, peut véritablement transformer notre rapport à l’entreprenariat, en mêlant productivité et respect du vivant. Et vous, qu’en pensez-vous ? Ouvrons ce débat pour imaginer un avenir où l’on ne parlera plus seulement de rentabilité et de parts de marché, mais aussi d’empreinte écologique et de responsabilité collective, directement visibles dans ce numéro si familier qu’est le SIRET.

En savoir plus à ce sujet :

siretnumero.fr